Le Christ prend son dernier repas avec les apôtres et institue l'Eucharistie

LA DERNIÈRE CÈNE
Leonardo da Vinci (1452-1519)
1498
Couvent de Santa Maria delle Grazie, Milan
Il s'agit de la plus célèbre peinture de Léonard de Vinci pour la période des années 1490. Elle est peinte directement sur un mur du couvent Santa Maria delle Grazie à Milan et représente le dernier repas partagé par Jésus et ses disciples avant sa capture et sa mort. Il montre précisément le moment où Jésus déclare : « l'un de vous va me trahir ». Léonard dépeint la consternation que cette déclaration a causé à l'ensemble des douze disciples de Jésus.
Le romancier Mathieu Bandello a observé Léonard au travail et écrit que, certains jours, il peint de l'aube au crépuscule sans même s'arrêter pour manger, et puis ne peint plus les trois ou quatre jours suivants. Selon Vasari, cela provoque l'incompréhension du père supérieur, le prieur, qui chasse le peintre, jusqu'à ce que Léonard demande au duc de Milan Ludovic Sforza d'intervenir. Vasari décrit également comment Vinci doute de sa capacité à peindre proprement les visages de Jésus et de Judas, disant au duc qu'il a peut-être utilisé le moine pour modèle.
Lorsque la peinture est terminée, elle est saluée comme un chef-d'œuvre de conception et de caractérisation, obtenant même plus tard l'admiration de Pierre Paul Rubens et de Rembrandt. L'œuvre a été restaurée sans cesse, la peinture se détachant du support en plâtre. La peinture s'est détériorée rapidement, de telle sorte qu'avant même le centième anniversaire de sa création, elle a été décrite par un témoin comme « totalement dévastée ». Léonard de Vinci, au lieu d'utiliser la technique éprouvée de la fresque, a utilisé la « technique de la tempera », un procédé de peinture utilisant le jaune d'œuf comme médium pour lier les pigments, alors que le support est principalement « gesso », un type de craie fait de carbonate de calcium minéral, ce qui a produit une surface sujette à la moisissure et à l'écaillage. Malgré ces déboires, le tableau est resté l'une des œuvres d'art les plus reproduites.
Suggestion : Johann Sebastian Bach, Messe en si mineur BWV 232 Agnus Dei, Aria en sol mineur pour voix d'alto et violon obligé (1747-1749)
Du XIVe au XVIIIe SIÈCLE

SCÈNES DE LA VIE DU CHRIST : 29. DERNIÈRE CÈNE (après restauration) Giotto, 1304-06 - Cappella Scrovegni, Eglise de l'Arena, Padoue, Italie

LA DERNIÈRE CÈNE Duccio di Buoninsegna, 1308-1311 - Panneau arrière du Retable de la Maesta. musée de l'œuvre du Dôme, Sienne

LA DERNIÈRE CÈNE Ugolino da Siena (Ugolino di Nerio), c. 1325/30 - The Metropolitan Museum of Art, New York

DERNIÈRE CÈNE (bas de La Cène, l’Arbre de Vie et 4 scènes de miracles) Taddeo Gaddi, 1360s - Santa Croce, Florence

DERNIERE CÈNE, Prédelle, retable de la Vierge et l'Enfant (détail) Jaume Serra c. 1377/81 - Musée nat. d'Art de Catalogne, Barcelone, Espagne

SAINTE CÈNE Jaume Huguet, 1463-1470/75 - Musée national d'art de Catalogne, Barcelone

LA DERNIÈRE CÈNE Jaume Baço, 1450s - Musée de la cathédrale, Segorbe, province de Castellón, Espagne

COMMUNION DES APÔTRES Fra Angelico 1439/43 - Cellule des moines (35), Couvent de San Marco, Florence, Italie

RETABLE DU SAINT SACREMENT, LA DERNIÈRE CÈNE Dirk Bouts, 1464/67 - Saint-Pieterskerk, Louvain, Belgique / 9

DERNIÈRE CÈNE Domenico Ghirlandaio, 1480 - Chiesa di Ognissanti, Florence

LA DERNIERE CÈNE Maestro de la Virgo inter Virgines (suiveur de) c. 1485 - Museo Nacional Thyssen-Bornemisza, Madrid

LA DERNIÈRE CÈNE Cosimo Rosselli, 1481-1482 - Chapelle Sixtine, Rome, Vatican

LA PASSION DU CHRIST, LA CENE, Prédelle, Retable Hans Holbein l'Ancien, 1501 - Städel Museum, Francfort

LA PASSION DU CHRIST, LA CÈNE, Prédelle, Retable (détail) Hans Holbein l'Ancien, 1501 - Städel Museum, Francfort

LA DERNIERE CÈNE Hans Holbein le Jeune, c. 1524/25 - Kunstmuseum, Bâle, Suisse / 15

LA DERNIÈRE CÈNE Jacopo Bassano, c. 1546 - Galleria Borghèse, Rome

RETABLE DE LA REFORME, LA DERNIERE CENE Lucas Cranach l'Ancien 1530/35 (consacré en 1547) - Stadtkirche, Wittenberg, Allemagne / 17

LA DERNIÈRE CÈNE Lucas Cranach le Jeune, 1565 - Schlosskirche, Dessau, Allemagne / 18

LE REPAS CHEZ LEVI Paolo Véronèse, 1573 - Gallerie dell'Accademia, Venise / 19

LA DERNIÈRE CÈNE Juan de Juanes, c. 1562 - Museo del Prado, Madrid

LA DERNIÈRE CÈNE El Greco, c. 1568 - Pinacoteca Nazionale, Bologne

LA CÈNE Le Tintoret, 1559 - Eglise St François-Xavier, Paris / 22

LA CÈNE Le Tintoret, 1578/81 - Scuola Grande di San Rocco, Venise, Italie

LA CÈNE Le Tintoret, 1592/94 - Monastère de San Giorgio Maggiore, Venise

LA CÈNE Frans Pourbus le Jeune, 1618 - Musée du Louvre, Paris

DERNIÈRE CÈNE Rubens, 1631/32 - Pinacoteca di Brera, Milan

LE SACREMENT DE LA SAINTE EUCHARISTIE Nicolas Poussin, 1647 - New Galleries of Scotland, Edimbourg / 27

LA DERNIÈRE CÈNE Philippe de Champaigne, c. 1652 - Musée du Louvre, Paris

LA DERNIÈRE CÈNE Gerbrand van den Eeckhout, 1664 - Rijksmuseum, Amsterdam

LA DERNIÈRE CÈNE Giovanni B. Tiepolo, 1745/47 - Musée du Louvre, Paris

LA DERNIÈRE CÈNE (esquisse) Franz Anton Maulbertsch, 1754 - Residenzgalerie, Salzbourg, Autriche / 31
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L’origine biblique de l’Eucharistie se place dans le contexte de la Pâque juive, fête commémorant la sortie d’Égypte par les Hébreux (livre de l’Exode). Cette fête s’étalait normalement sur sept jours. C’est pendant cette fête que Jésus va instituer l’eucharistie : "Le premier jour des pains sans levain, les disciples vinrent dire à Jésus : Où veux–tu que nous te préparions le repas de la Pâque ?" (Matthieu XXVI, 7 et Marc XIV, 12).
De son côté, Hugh Johnson souligne dans son "Histoire mondiale du vin" que maints témoignages confirment l'influence du culte de Bacchus : "Bacchus-Dionysos état déjà considéré comme un sauveur, ressusciter d'entre les morts était naturel chez les anciens dieux, manger la chaire du dieu et boire son sang représenté par le vin était une idée familière aux grecs tenants du mythe d'Orphée. Attribut de Dionysos chez les anciens Grecs, le raisin est devenu le symbole du sang du Christ lors de l'Eucharistie.
Il y a un nombre incalculable de représentations de la Cène. Finissent-elles pour autant par nous paraître assez banales? Nous avons choisi d'en commenter quelques unes qui se détachent de notre sélection.
9. Bouts a choisi le moment ou le Christ bénit le pain et le vin. Par ce geste, il institue l'eucharistie. Judas le traitre, au premier plan à gauche, est traité comme un simple témoin silencieux, discret, ce qui n'est habituellement pas si fréquent.
15. Seuls neuf des douze apôtres sont présents. C'est probablement dû au vandalisme dont le panneau en bois de cette peinture a été la victime lors des émeutes iconoclastes de la Réforme à Bâle : la tête du Christ avait alors été sciée.
17. Avec Luther parmi les Apôtres.
18. Le fils de Cranach l'Ancien représente les Réformateurs comme des Apôtres lors de la dernière Cène : Luther est dans l'angle arrière gauche, Melanchthon [son disciple] à droite à côté du Christ.
19. Ce tableau très célèbre de Véronèse est une immense toile de treize mètres de long. Elle représente le Christ entouré d'un ensemble de personnages qui ne sont pas mentionnés dans les Évangiles. L'œuvre qui représente la Cène n'a pas lieu dans une auberge de Palestine, comme le décrit la Bible, mais dans un riche palais d'architecture classique, probablement inspiré de l'un de ceux construits par Palladio. Comme dans ses Noces de Cana, Véronèse ne se départit pas de son esprit railleur, paillard et païen. À l'origine, le thème du tableau est « la Cène ». C’est à la demande des Dominicains de Santi Giovanni e Paolo que Véronèse peint cette Cène. Mais le traitement très personnel du sujet par Véronèse éveille les soupçons du prieur du couvent qui le signale à l'Inquisition. Il est vite accusé d'impiété par le tribunal du Saint-Office, pour avoir situé la Cène dans un lieu où des buveurs, des nains, des noirs, des animaux évoluent dans une atmosphère jugée profane. Il répond aux juges qui s’étonnent du nombre de personnages qu'il a peint : « s’il reste de l’espace dans le tableau je l’orne d’autant de figures que l’on me demande et selon mon imagination. » Condamné à amender l'œuvre pour la mettre en conformité avec ce que le tribunal d'inquisition pense être la bienséance religieuse, Véronèse, avec malice, n'en fera rien, changeant simplement le titre du tableau: La Cène devient Le Repas chez Levi, un épisode tiré de l’Évangile selon Luc (5, 29-32), dans lequel Levi (le nom hébreu de l’apôtre Matthieu) donne un grand festin dans sa maison. Ses convives y sont invités à faire « bonne chère », en bonne compagnie, pour l’amour de Dieu. Belle façon de se moquer des censeurs !
21. Le Greco est né en Crête qui était alors sous la domination de Venise. Cette Dernière Cène est une œuvre de jeunesse, lors de sa période italienne, peinte peu après son arrivée dans la République. Il n’arrivera en Espagne que huit ans après, à l’âge de trente-cinq ans. Son passage par l’école vénitienne du Titien et du Tintoret en fait définitivement un fervent partisan d’une peinture fondée sur la couleur comme ici. C’est la seule Cène qu’il peindra. Il inscrira sa production sur une thématique fondamentalement religieuse, adaptée au monde de la Contre-Réforme : scènes religieuses, séries de saints et d’apôtres, prédilection pour des sujets pathétiques (cf. ci-desssous : Le vin, symbôle eucharistique, et le vie des saints).
22. L'église Saint-François-Xavier à Paris, consacrée en 1894, abrite une magnifique toile du Tintoret trop peu connue : la Cène, peinte en 1559. Elle fut commandée par la Scuola du Saint-Sacrement de l'église Saint-Félix, à Venise. Enlevée à l'époque napoléonienne, elle fut achetée en France. La baronne du Teil en fit don à la paroisse Saint-François-Xavier. Jésus vient d'annoncer que l'un des apôtres allait le trahir. Tous les convives se regardent avec des visages interloqués, se soupçonnant les uns les autres. Le Tintoret a placé Judas au premier plan, en face du Christ. Il cache derrière son dos le salaire de sa délation.
cf. 24, La Cène, également du Tintoret, 35 ans plus tard, achevée deux semaines avant sa mort.
27. Poussin est l’un des rares peintres à combiner en une seule œuvre les deux moments essentiels de la Cène : l’annonce de la trahison de l’un des douze apôtres, et l’institution de l’Eucharistie par le Christ. Judas semble déserter le repas et personne ne lui prête attention, bien que dans les Évangiles il ne soit pas toujours dit si Judas reste ou non jusqu’à la fin du repas pascal. Mais Saint Augustin, dont Poussin était l'un des disciples, élevait l’Évangile selon Jean au-dessus des trois autres. Pour celui-ci, il ne fait aucun doute, "Judas.. se hâta de sortir" (Jean, XIII, 30). Poussin fait preuve d’une certaine rigueur contextuelle en présentant les disciples allongés sur des divans, en position semisdraiati, comme c’était l’usage à l’époque romaine ; et non pas dans un décor qui faisait partie de son quotidien comme c’était le plus souvent la pratique des peintres dans les récits bibliques (et mythologiques).
31. Les apôtres sont regroupés autour d'une table, agités et turbulents. Certains se penchent en arrière, d'autres en avant. On devine leur inquiétude suite à la prédiction par le Christ de la trahison de l'un des leurs. En revanche, Jean dort sa tête posée sur la poitrine du Christ. Judas, se tourne, à côté de Jésus, dort à travers l'agitation. En face d'eux se trouve Judas, tourné vers nous avec un défi dans ses yeux, tandis qu'il cache derrière lui sa bourse. Elle contient trente pièces d'argent, le prix de sa traîtrise.
XXe SIÈCLE

LE REPAS DE L'HOMME AVEUGLE Pablo Picasso, 1903 - The Metropolitan Museum of Art, New York City / 1

LA DERNIERE CENE Emil Nolde, 1909 - National Gallery, Copenhague, Danemark / 2

LA DERNIÈRE CÈNE André Derain, 1911 - Art Institute of Chicago / 3

LE SACREMENT DE LA DERNIERE CÈNE Salvador Dali, 1955 - NGA, Washington DC, Etats-Unis / 4

LA CENE Bernard Buffet, 1961 - Musée du Vatican, Rome / 5

LA DERNIERE CENE Andy Warhol, 1986 - Collection particulière / 6
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1. Picasso a décrit sa peinture dans une lettre à son ami le poète Max Jacob: "Je peins un aveugle à table. Il tient un morceau de pain dans sa main gauche et sa main droite repose sur une cruche de vin" (source : The Metropolitan Museum of Art). Cette toile de la période bleue de Picasso n'est pas seulement la descrition d'un aveugle prenant un repas frugal, elle est aussi et surtout une reformulation moderne du sacrement de l'Eucharistie : la conversion du pain et du vin en corps et sang du Christ (chez les catholiques et les orthodoxes).
2. Avec Emil Nolde, peintre allemand né au Danemark, les couleurs sont fortes et la facture vigoureuse. Dix ans plutôt, lors de son séjour à Paris, il avait découvert les toiles de Gauguin et de Van Gogh dont l'influence se fait alors sentir.
3. Le plus souvent, le nom de Derain évoque le fauvisme dont il a été l'un des fondateurs, prônant l'utilisation de la couleur, et non du dessin comme il est d'usage dans l'art officiel. Le fauvisme est caractérisé par son audace dans les recherches chromatiques. La couleur n'a pas pour ambition d'imiter la nature : elle devient un moyen pour l'artiste d'interpréter son sujet. Dès 1906, il tournera le dos à cette approche pour en 1911 revenir à une facture plus traditionnelle et amorce un retour à la perspective et au clair-obscur.
4. Son sujet chrétien, la simplicité de son organisation et son absence de valeur choquante séparent Le Sacrement de la Cène de la plupart des autres œuvres de Salvador Dalí. Ce tableau de 1955 est à la fois religieux et réaliste : l’arrière-plan représente avec précision la vue de la maison de Dalí sur la côte catalane du nord-est de l’Espagne, à Port Lligat. À la fin des années 1940, le retour de Dalí à l’imagerie chrétienne et aux valeurs traditionnelles a été influencé par trois facteurs : les effets dévastateurs de la guerre civile espagnole et de la Seconde Guerre mondiale, son intérêt renouvelé pour l’art classique et sa réévaluation des principes psychologiques de Freud après sa rencontre avec le psychanalyste. Ce sacrement de la Cène n’est pas une tentative de recréer le repas, mais une présentation symbolique du rituel eucharistique. Plutôt que des apôtres spécifiques, les hommes à la table sont des participants idéalisés. Le Christ n’est pas physiquement présent, son corps étant partiellement transparent. L’allusion la plus tangible à sa présence physique sont le pain et le vin, tous deux hautement symboliques (Source : National Gallery of Art, Washington).
5. La Cène de Bernard Buffet appartient à un ensemble de tableaux retraçant des épisodes de la vie du Christ. Réalisées en 1961 pour décorer la chapelle de sa résidence de Château l’Arc, près d’Aix-en-Provence, ces œuvres furent données au musée du Vatican par le peintre en 1971. Dans cette toile, l’institution de la Cène est délaissée au profit du jugement de Judas. Les protagonistes sont assis derrière une table à tréteaux, Judas est seul en face d’eux. L’absence d’auréole le désigne. Traditionnellement, lorsque les apôtres et Jésus sont nimbés, soit Judas n’a pas d’auréole soit elle est noire. Entre les bons apôtres autour du Christ et Judas le traître, se trouve la table recouverte d’une nappe blanche dont les plis forment des barreaux et renforcent l’idée de partage de l’espace entre bons et méchants. Toute humanité semble absente de cette Cène qui ressemble à un tribunal devant lequel comparaît Judas : le tribunal du jugement dernier (Source, Martine GrenierEvangile et Liberté, avril 2007).
6. Courant 1986, Andy Warhol a exposé une série d’œuvres autour de la Cène de Léonard de Vinci. Pour cette collection — « The Last Supper cycle » — , Andy Warhol a revisité la Cène pas moins de 100 façons différentes dépassant très largement la requête de son commanditaire. La série se compose de nombreuses variations sur le thème, toutes basées sur la même source : une photographie en noir et blanc de la Cène par Matteo Giovannetti. Au total, il y a quatre-vingt-treize peintures et sept sérigraphies.
Andy Warhol a commencé par photocopier l’image et l’a agrandie. Il a ensuite appliqué de la peinture sur la surface à l’aide d’une éponge, donnant à l’œuvre un effet granuleux caractéristique. Les peintures sont toutes différentes, mais elles ont des éléments communs. Par exemple, Warhol utilise souvent des couleurs vives et met l’accent sur certains détails, comme les clous dans les mains de Jésus ou le pain sur la table. Il remplace aussi parfois Judas par un autre personnage, comme Marie-Madeleine ou Jean-Baptiste. La Cène de Warhol est loin de la peinture solennelle et plutôt sombre de Léonard de Vinci. C’est un tableau léger presque ludique, les couleurs et l’effet granuleux lui confèrant un certain dynamisme.
Texte biblique : Nouveau Testament, Évangiles, Luc XXII, 14-20
"L'heure étant venue, il se mit à table, et les apôtres avec lui. Il leur dit : J'ai désiré vivement manger cette Pâque avec vous, avant de souffrir ; car, je vous le dis, je ne la mangerai plus, jusqu'à ce qu'elle soit accomplie dans le royaume de Dieu. Et, ayant pris une coupe et rendu grâces, il dit : Prenez cette coupe, et distribuez-la entre vous ; car, je vous le dis, je ne boirai plus désormais du fruit de la vigne, jusqu'à ce que le royaume de Dieu soit venu. Ensuite il prit du pain; et, après avoir rendu grâces, il le rompit, et le leur donna, en disant : Ceci est mon corps, qui est donné pour vous; faites ceci en mémoire de moi. Il prit de même la coupe, après le souper, et la leur donna, en disant : Cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang, qui est répandu pour vous."
LA RENCONTRE D'ABRAHAM ET DE MELCHIZEDEK, PREFIGURATION DE L'EUCHARISTIE DANS L'ANCIEN TESTAMENT ?

RETABLE DU SAINT SACREMENT, Rencontre d'Abraham et de Melchisédech Dieric Bouts l'Ancien, 1464/67 - Sint-Pieterskerk, Louvain, Belgique / 1

RENCONTRE D'ABRAHAM ET DE MELCHISEDECH (à l'intérieur de la synagogue) Anonyme, Volet d'un retable, Rijksmuseum, Amsterdam, Pays-Bas / 2

ABRAHAM ET MELCHISEDECH Pierre Paul Rubens, c. 1626 - The National Gallery of Art, Washington / 3
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1. Cette histoire de la Genèse raconte les dons de pain et de vin qu’Abraham a reçus du prêtre-roi de Salem, Melchisédek, après son retour triomphal d’une bataille victorieuse d’une bataille avec les rois de l’est, qui avaient attaqué Sodome et Gomorrhe et enlevé son neveu Lot. Les théologiens catholiques ont considéré l’offrande de pain et de vin de Melchisédek comme une préfiguration de la Dernière Cène, et ont même vu Melchisédek, dont le nom signifie « roi de justice », comme une préfiguration du Christ.
2. Ce panneau était autrefois l'aile gauche d'un triptyque. Elle montre le patriarche Abraham avec son armée sur la gauche. Devant les portes de Salem, Abraham est agenouillé devant le roi et souverain sacrificateur Melchisédek, qui lui offre du pain et du vin et le bénit.
3. Vers 1625, Pierre Paul Rubens reçut une importante commande de l’infante Isabelle Clara Eugenia, gouvernante des Pays-Bas méridionaux (1566-1633) pour concevoir une série de tapisseries du Triomphe de l’Eucharistie pour le couvent royal des Clarisses à Madrid. Les tapisseries devaient être accrochées pendant les fêtes du Vendredi saint et de la Fête-Dieu, qui célèbrent la présence du Christ dans l’Eucharistie. Le sujet avait une signification profonde pour les Clarisses, qui étaient particulièrement dévouées à l’Eucharistie – le pain et le vin de la messe que les catholiques croient miraculeusement transsubstantier dans le corps et le sang du Christ lorsqu’il est consacré par un prêtre.
Cette rencontre d’Abraham et Melchisédech est un modello, ou esquisse, très achevé pour l’une des préfigurations de l’Eucharistie de l’Ancien Testament. La scène s'y déroule sur une tapisserie peinte de manière illusionniste maintenue en l’air par des putti devant un cadre architectural. Abraham, en armure debout à la tête de sa bande de soldats, apparaît au centre, recevant avec gratitude des miches de pain de Melchisédech. Alors que les deux hommes se penchent l’un vers l’autre, ils ferment les yeux comme s’ils avaient une prémonition, non partagée par les autres, que le pain et le vin ont une signification au-delà de la subsistance corporelle. Le style exhubérant de Rubens, ses couleurs vives, ses textures riches et son pinceau expressif imprègnent la scène d’un sentiment de grandeur. De cette façon, Il signale à la fois l’importance de l’Eucharistie préfigurée dans l’Ancien Testament et suggère sa centralité continue dans la foi catholique à son époque (Source : The National Gallery of Art).
Texte biblique : Ancien Testament, Genèse XIV, 17-20
" Après qu'Abram fut revenu vainqueur de Kedorlaomer et des rois qui étaient avec lui, le roi de Sodome sortit à sa rencontre dans la vallée de Schavé, qui est la vallée du roi. Melchisédek, roi de Salem, fit apporter du pain et du vin: il était sacrificateur du Dieu Très Haut. Il bénit Abram, et dit: Béni soit Abram par le Dieu Très Haut, maître du ciel et de la terre! Béni soit le Dieu Très Haut, qui a livré tes ennemis entre tes mains! Et Abram lui donna la dîme de tout."
LE VIN, SYMBÔLE EUCHARISTIQUE, ET LA VIE DES SAINTS

SAINT-JEAN L'EVANGELISTE El Greco, c. 1608/14 - Museo del Greco, Tolède / 1

SAINT-BENOÎT ET LE VIN EMPOISONNE Niccolò di Pietro c. 1415/20 - Galerie des Offices, Florence

SAINT-BENOÎT (Sanctus Benedictus) Francisco de Zurbarán c. 1640/45 - The Metropolitan Museum of Art, NYC / 3

SCENE DE LA VIE DE SAINT-BENOÎT Philippe de Champaigne, 1643/48 - Hermitage, Saint Pétersbourg
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1. Jean, l’un des douze apôtres et l’un des quatre évangélistes, tient un calice d’or d’où sort un serpent ailé ou un dragon. Selon la légende dorée de Santiago de la Vorágine, le prêtre Aristodème voulait le tuer en lui ordonnant de boire du vin empoisonné, mais bien qu’il l’ait bu entièrement, saint Jean n’est pas mort, prouvant ainsi que le prêtre avait tort.
3. Avec son Saint Benoît, alors que l'Espagne est un bastion catholique, Francisco de Zurbarán reprend la légende du vin empoisonné, dans un style très sévère, avec une spiritualité presque exacerbée. Le verre de vin y est remplacé par une jarre de vin qui va se briser alors que le saint la bénit. Benoît réapparaît en train de prier dans le paysage rocheux de l'arriète-plan.
LA DERNIÈRE CÈNE AU MOYEN-ÂGE DANS LES MANUSCRITS ILLUMINES




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Technique picturale (au même titre que la fresque ou la peinture de chevalet), l'enluminure est reine au cours du Moyen-Age. Exécutée à la main, elle décore ou illustre un texte, généralement un manuscrit. Si jusqu'au XIIe siècle les manuscrits sont copiés dans les établissements ecclésiastiques, principalement les abbayes, où ils servent à célébrer le culte et à nourrir la prière et la méditation ; à partir du XIIIe, un artisanat et un marché laïcs se développent avec l'essor de l'université et des administrations et l'émergence d'un nouveau public amateur de livres.
Découvrez le vin dans l'enluminure : De vin divin en vin Sacré >>
LE VIN DES ARTS : SCULPTURE ET VITRAUX


SCÈNES DE LA VIE DU CHRIST : LA CÈNE, Pierre de Chelles, 1300/18 - Clôture du chœur, coté nord, Notre-Dame de Paris / L'INSTITUTION DE L'EUCHARISTIE, LA CENE, XVIème siècle - Eglise Saint-Sulpice, Breteuil-sur-Iton (Eure)
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Compagnon des Muses, le vin est à la croisée des arts, que ce soit, par exemple, la littérature, la musique, les arts décoratifs ou les arts plastiques. Dans tous les cas, le vin est un témoin irremplaçable de notre histoire sociale et culturelle. Si à ce jour, le Musée Virtuel du Vin est principalement consacré à la peinture, quelques exemples puisés dans d’autres formes artistiques nous permettent également de l’illustrer, de "le voir". Ces deux exemples traitent du même thème que cette galerie de peinture.
LE SANG DU CHRIST DANS LE NOUVEAU TESTAMENT ET L'ICONOGRAPHIE CHRETIENNE, LES GALERIES