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Le vin dans les arts graphiques 1 : dessins et gravures

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Alors que les dessins et les gravures abondent depuis le XVe siècle et adressent tous les thèmes relevant de la vigne et du vin, les affiches seront depuis le XIXe siècle un outil de publicité ou de propagande comme dans bien d'autres domaines.

 

La vigne et le vin dans les arts graphiques 2: affiches >>

SANS NOURRITURE NI VIN, L'AMOUR SE REFROIDIT

1. Goltzius illustre cette citation du poète latin Terence (ca. 185-160 av. J-C.) : "Sans Cérès ni Bacchus, Vénus prendrait froid". En d'autres termes, sans nourriture et sans vin, l'amour se refroidit. Dans la mythologie romaine, Cérès est la déesse de l'agriculture, des moissons et de la fécondité.

LES BACCHANALES TOURNERENT A L'ORGIE ET A L'IVRESSE

2. Liées aux mystères dionysiaques, les bacchanales se tenaient en l'honneur de Bacchus, dieu romain du vin, de l'Ivresse et des débordements, notamment sexuels. À l'origine, ces fêtes étaient célébrées en secret parmi les femmes, les 16 et 17 mars. Ces fêtes eurent lieu ensuite au moins trois fois par an sous le contrôle de matrones respectables. Elles devinrent publiques et étaient célébrées dans toute la Grande-Grèce, en Égypte et principalement à Rome. 

Ces fêtes, qui duraient environ 3 à 5 jours en fonction de la région, étaient avant tout axées sur des représentations théâtrales faisant office de cérémonie religieuse. Elles servirent bientôt de prétexte aux désordres les plus extravagants en évoluant de plus en plus fréquemment en fêtes orgiaques nocturnes où régnaient ivresse publique et licence.

Les Romains se méfiaient de ce culte orgiaque semant le désordre et présentant un risque pour l'État. Les hommes y feignaient des fureurs sacrées, les femmes, déguisées en bacchantes, couraient avec des torches vers le Tibre. La secte des initiés prit de l'ampleur. Elle comptait parmi ses membres des hommes et des femmes de haut rang. On décida de ne plus admettre aux cérémonies que des jeunes gens âgés de moins de vingt ans, instruments plus dociles lors de ces orgies initiatiques. 

 

La courtisane Hispala Fecenia révéla le secret de ces pratiques à un jeune homme qu'elle aimait, Publius Aebutius, afin de le protéger de sa propre mère qui voulait l'initier aux mystères de Bacchus. Publius refusant de se faire initier aux mystères fut alors chassé par sa mère et par le mari de celle-ci. Il alla se réfugier chez une de ses tantes qui lui conseilla de parler de cette histoire au consul Postumius. Le consul décida de mener une enquête secrète. Le sénat s'émut et l'on craignit que la secte ne cachât un complot contre la République. Il chargea les consuls d'informer extraordinairement contre les bacchanales et les sacrifices nocturnes, de promettre des récompenses aux délateurs et d'interdire les rassemblements des initiés. Le « scandale des bacchanales » (en 186 av. J.-C.) conduisit à une répression du culte avec 7 000 conjurés environ condamnés à mort. Une prophétesse de Campanie avait organisé avec ses adeptes une forme d'escroquerie généralisée ayant entraîné des assassinats pour extorsion. On interrogea les ministres de ce culte ; un grand nombre d'adeptes furent suppliciés, emprisonnés ou bannis. Un senatus-consulte interdit les bacchanales durant près d'un siècle et demi. Elles furent à nouveau autorisées par César. 

Pour en savoir plus : Galerie "Bacchanales et scènes bachiques" >>

LES MÉTIERS DU VIN ET LEURS COSTUMES : A CHACUN SES ACCESSOIRES

3. "Les costumes grotesques de Larmessin sont aujourd’hui devenus célèbres, grâce au goût de la fantaisie graphique remise en honneur par les dessinateurs modernes... Le principe - et l’humour - de ces dessins consistait à habiller différents corps de métiers avec les accessoires de chaque profession. Certains s’en écartent en incluant des costumes contemporains ; d’autres sont des imitations allemandes qui témoignent de la vogue que connurent ces fantaisies graphiques.

 

Les succès de l’invention de Larmessin, qui, malgré les antécédents maniéristes de ces compositions factices, est tout à fait originale à la fin du XVIIe siècle, est encore attesté par des retirages, et par l’utilisation décorative qu’on en fait fréquemment aujourd’hui." (Le Dessin d’humour du XVIe siècle à nos jours, BnF 1971).

NANTES ET BORDEAUX, PORTS FLUVIAUX ET MARITIMES*

4. Le port de Nantes est considéré au début du XVIIIe siècle comme le premier d’Europe, fréquenté chaque année par quelque 2 000 navires et embarcations. C'est aussi le deuxième port français après Bordeaux pour le commerce du vin. Il déploie ses exportations de vin vers le reste de la Bretagne (le marché breton absorbe la moitié du trafic, en concurrence vive avec Bordeaux*), la Hollande et l'Angleterre. Parallèlement, et grâce au transport fluvial dans les deux sens, les villes de la Loire entretiennent des échanges commerciaux intenses. Dans la partie aval, Nantes y joue un rôle central. Son "hinterland" s’étend très loin en amont, jusqu’à Orléans, jusqu’où portent les vents d’ouest. Son port maritime approvisionne le bassin de la Loire en sel et en produits des colonies (café, sucre). Orléans est un relais vers Paris, notamment pour les vins rouges (via le canal de Briare et le Loing, affluent de la Seine), l’Est et le Lyonnais. En sens inverse, Nantes reçoit de tout le bassin ligérien beaucoup de blé et de tuffeaux de l’Anjou, du bois, du vin (les vins blancs) et de nombreuses autres marchandises.

5. Le Pont de pierre a été le premier et seul pont routier de Bordeaux de 1822 à 1965. Cette gravure à l'eau forte, de la main de Garneray, est datée de 1830. Y figure, sur le cloché arasé de la tour Saint-Michel, le télégraphe optique de Chappe, installé en 1823. En revanche, le tableau de Garneray, d'où est issu cette aquatinte, datant lui de 1822-1823, est sans le télégraphe.

L'aval du pont est l'aboutissement du port maritime où se regroupent les grands trois-mâts. L'amont est réservé aux petits navires fluviaux (gabares, couraux et goélettes) qui remontent la Garonne. A droite, un bœuf traîne une barrique sur un chariot et descend la rampe qui conduit au port de la Bastide.

 

* Nantes était fortement concurrencé sur le marché breton par le commerce du vin d'Aquitaine depuis les vignobles bordelais jusqu'aux ports de déchargement et leur aire de redistribution chez les particuliers et dans les tavernes. La province de Bretagne représente en effet la part la plus importante de ce marché dans le royaume de France tout au long du XVIIIe siècle. Ce sont principalement des vins de Bordeaux, de Bourg, de Blaye et de Libourne qui contentent le goût des consommateurs bretons pour les boissons alcoolisées. Les grands ports tels Nantes et Lorient sont des lieux d'éclatement qui permettent de réexpédier le vin d'Aquitaine vers les marchés européens et ultra-marins, tandis que les ports secondaires tels Redon, Vannes et Quimper jouent un rôle d'entrepôt régional. Les petits caboteurs blayais, plassacois et bretons acheminent le vin de Bordeaux vers les ports bretons. Les voituriers par eau et par terre s'occupent ensuite de la distribution sur les lieux de consommation (Source : Bordeaux et la Bretagne au XVIIIe siècle, Les routes du vin, Hiroyasu Kimizuka, 2015, Presses universitaires de Rennes).

Pour en savoir plus : Galerie "De cave en port" >>

PARIS, SUPPRESSION DES DROITS D'ENTREE A LA REVOLUTION

 

6. L'Abondance, Bacchus et Cérès entrant dans la capitale (Musée Carnavalet) célèbre la suppression, le 1er mai 1791, des droits payables sur les denrées entrant dans Paris. Au recto de la gravure : "Célébrons à jamais ce beau jour premier Mai, où nos sages législateurs viennent d'abolir les droits d'entrée dans les ville, où la rapacité des fermiers - généraux et celles de leurs agents est atterrée ! / Les peuples jouiront aisément des précieux trésors de la nature ; le pauvre comme le riche s'en procureront avec d'autant plus de facilité, que la crainte effrayante des barrières est an [...] / la race des loups cerviers est détruite, la prospérité renaîtra des mains industrieuses du cultivateur et de l'artiste."

PARIS, UNE NOUVELLE HALLE AUX VINS AU DEBUT DU XIXe SIECLE

7. Depuis 1662, il existe une halle aux vins sur le quai Saint-Bernard (dans l’actuel Ve arrondissement) pour permettre avec le « Port aux vins de Paris » son accès depuis la Seine. La consommation ne cessant d’augmenter dans la capitale, on décide en 1808 de concevoir une nouvelle halle, beaucoup plus grande et plus moderne.

HALLE AUX VINS SUR LE QUAI SAINT-BERNARD, 1815 - Musée Carnavalet, Paris

HALLE AUX VINS SUR LE QUAI SAINT-BERNARD, 1815 - Musée Carnavalet, Paris

Mais ces moyens de stockage se révélèrent insuffisants et cette halle ne put faire face à un acheminement facilité par le chemin de fer. Le gouvernement décida, en 1869, de faire bâtir de nouveaux entrepôts de l'autre côté de la Seine à Bercy. En 1905, le parlement vota une loi qui obligeait les gros marchands de vins de Paris d'avoir pignon sur rue aux entrepôts de Bercy et à la halle aux vins de Paris. À la fin de la Seconde Guerre mondiale, le 26 août 1944, la Halle aux Vins est ravagée par un incendie causé par les bombardements de la Luftwaffe.

DAVID HOCKNEY

8. David Hockney est un artiste britannique célèbre pour ses peintures, ses dessins et ses photographies. Il a été un contributeur majeur au mouvement connu sous le nom de Pop Art dans les années 1960, étant considéré par certains comme l’un des artistes britanniques les plus influents du XXe siècle. La bonne critique de Hockney ne s’est pas limitée à ses peintures, mais a également fait référence à ses compétences de dessinateur et de graveur. 

 

Parmi ses œuvres les plus connues, on trouve des portraits de ses amis et de ses proches, dont Peter Langan, le fondateur irlandais du restaurant Langan's Brasserie à Londres, lieu de rencontre des célébrités et des artistes. C'est ainsi qu'Hockney et Langan se sont rencontrés dans les années 1970 et ont noué une relation amicale et professionnelle. Leur relation était basée sur le respect mutuel, l'humour et la passion pour l'art. Hockney a réalisé plusieurs œuvres pour le restaurant, dont le menu et des dessins des associés de Langan, l'acteur Michael Caine et le chef Richard Shepherd. Langan était un personnage controversé, connu pour son alcoolisme et son comportement extravagant. Il est mort en 1988 dans un incendie qu'il aurait lui-même provoqué. Hockney a rendu hommage à son ami dans une série de dessins intitulée "Remembering Peter". Langan's Brasserie est toujours en activité aujourd'hui et conserve les œuvres de Hockney sur ses murs, témoignant de la relation entre l'artiste et le restaurateur.

IMPORTANCE DES VOIES NAVIGABLES ET DES PORTS - Strasbourg et Saumur

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Les Saisons, Automne : Marché aux vins, Strasbourg, Wenceslaus Hollar, 1628 - Baltimore Museum of Art /  Vue de Saumur, 1836, Musée des B-A, Saumur - Après avoir fait ses preuves dans les mines et l'industrie, la machine à vapeur équipe les bateaux dès 1818, avant de se transformer en locomotive quelques années plus tard. Le premier bateau à vapeur passe devant Saumur en 1823. Treize ans plus tard, bateau à vapeur et gabarres (dont l'une charge des barriques) voisinent.

Paris

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Vue Intérieure de Paris représentant le port St Paul, prise du Quay des Ormes vis-à-vis l'ancien Bureau des Coches d'Eau, 1788 - Musée Carnavalet, Paris /  Halle aux vins, quai Saint-Bernard, 1882

Bordeaux

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Le port de Bordeaux, vu devant le Château Trompette sur la Garonne et vu du quai des Farine, 1776, propose une vision du port contemporaine de La Fayette. Au premier plan, une barque permet le transport de barriques. Les embarcations d’aconage assurent le transport des marchandises entre le quai en pente douce et les bateaux à forts tonnages. Véritable évocation de l’activité du port, cette gravure illustre une scène de la vie quotidienne en 1776 /  La Vue du port de Bordeaux, depuis les Chartrons (photochromogravure, J. Georges, 1903 - Musée national des douanes, Bordeaux), est bien différente. Si le commerce a été à Bordeaux durement touché par les guerres de la Révolution et de l’Empire, et la perte de Saint-Domingue en 1804, les relations internationales reprennent durant la première moitié du siècle et le port connaît à nouveau un essor manifeste. Pour répondre à la croissance des trafics et rester compétitif, le port s’équipe, notamment avec la construction de quais verticaux et la mise en place de grues. Devenues directes, les opérations de déchargement et de chargement des marchandises s’en trouvent grandement facilitées.

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Georges de Sonneville - Musée des Beaux-arts, Bordeaux : Cargo à quai, 1915 /  La Soif du dockerLe Sommeil du docker

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Les Quais /  Les Dockers, 1915 /   Gabarres à quai

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Déchargement des barriques, 1915 / Port de Bordeaux. Gabarre, voilier et cargo à quai /  Port de Bordeaux. Docker à la barrique

ANDREA MANTEGNA, JACOPO FRANCIA, VICO, BONASONE, POPELS - Bacchanales, Bacchus et son entourage

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The Metropolitan Museum of Art, New York : Bacchanale à la cuve, 29,9 x 43,7 cm et Bacchanale au Silène, 30,5 x 43,8 cm, Andrea Mantegna, av. 1475 /  Jacopo Francia, NGA, Washington : Bacchus et son entourage, c. 1506, 25,7 x 30,6 cm 

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The Metropolitan Museum of Art : Le Triomphe de Bacchus dans les Indes, Anonyme, XVIe siècle, probablement copie d'une gravure attribuée à Enea Vico, 27,7 x 39,7 cm /  Le Triomphe de Bacchus assis sur un chariot à gauche, Giulio Bonasone, 1531-76, 13,8 x 22 cm /  Le Triomphe de Bacchus, Jan Popels, d'après Rubens, 1633-63, 33,2 x 47 cm

MAÎTRE DU MARTYRIUM DES DIX MILLE, HIERONYMUS WIERIX, JAN LUYKEN

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Christ au Pressoir, Maître du Martyrium des Dix Mille, 1463/67, Rijksmuseum, Amsterdam, Pays-Bas /  Christ au pressoir, Hieronymus Wierix, 1563/av. 1619, Rijksmuseum, Amsterdam, Pays-Bas /  Christ au pressoir, Hieronymus Wierix, 1563/av. 1619, Rijksmuseum, Amsterdam, Pays-Bas  /  Le Christ et l’âme personnifiée remplissent une cruche de vin, Jan Luyken, 1678/87, Rijksmuseum, Amsterdam, Pays-Bas

FRANCISCO DE GOYA

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1/ "Album de Madrid" : Ils s'enivrent (Se emborrachan), c. 1796-1798, 23,5 x 14,6 cm - The MET, New York. 2/"Les Caprices" 18 : Et sa maison brûle (Y se le quema la Casa), 1797-1799, 21,4 x 15,1 cm - Musée du Prado, Madrid. / 3. "Les Caprices 79" : Personne nous a vus (Nadie nos ha visto), c. 1797-1799, 21,2 x 15,0 cm - Art Institute Chicago, Etats-Unis. / 4. "Les Caprices 13" : Ils sont chauds ( Estan calientes), 1797-1799, 21,4 x 15,1 cm - Musée du Prado, Madrid

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5/ Images d'Espagne, Album F : Une femme tend à boire à un vieil homme (Mujer ofreciendo un vaso a un anciano)1812/20, 20,6 x 14,3 cm - The MET, New York. 6/ Images d'Espagne, Album F : Un homme par terre buvant du vin à une outre (Hombre en el suelo bebiendo de una bota), c. 1812-1820, 20,5 x 14,3 cm - The Met, New York. 7/ 'Black Border, Album E : Vous verrez tout-à-l'heure' : un homme boit, une femme essaie de l'arrêter (Hombre en el suelo bebiendo de una bota), c. 1816/20, 26,7 x 18,8 cm /8. "Inquisition, Album C" :  Ce serait bien meilleur si c'était du vin (Mejor fuera vino), 1814/23, 20,5 x 14,3 cm - Musée du Prado, Madrid

Jusqu'à la fin des années 1700, la carrière de Goya avit été celle d'un homme grandi à l'ombre de l'académisme, sa technique ne se distinguant principalement par l'audace des couleurs. Une série d'événements vont le délivrer de cette emprise. La crise est préparée par la mise à l'écart de l'élite éclairée auprès de laquelle Goya avait trouvé amitié et protection. Parallèlement, en 1792, Goya tombe gravement malade et devient sourd.  Il se rétablit dans la résidence de Cadix de Sebastián Martínez, où il put contempler des estampes satiriques anglaises (Hogarth, Rowlandson,...) qui influenceront plus tard son travail. Sa surdité va libérer en lui un monde angoissant auquel il avait échappé auparavant en se lançant dans la vie sociale et mondaine. Il se lance dans une critique des tares et vices sociaux et dénonce notamment l'ivrognerie (Source : Encyclopédie thématique Universalis, Goya, Marcel Durliat, 2004).

1. Trois femmes "débauchées" boivent du vin et se saoulent, tandis qu’une quatrième tend la main vers une bouteille et, ivre, rapproche son visage du personnage central, partageant peut-être une blague ou singeant l’intimité. Un homme les regarde et s'en moque ouvertement.

2. Los caprichos (Les Caprices) est une série de 80 gravures, satires de la société espagnole de la fin du XVIIIe siècle, principalement de la noblesse et du clergé. Les Caprichos ont été édités en 1799, mais Goya en empêcha précipitamment l'édition, de peur de l'Inquisition. Ils furent ainsi mis en vente 14 jours seulement. En 1803, pour sauver son œuvre, il décida d'offrir les planches et les 240 exemplaires disponibles au roi, en échange d'une pension pour son fils.

La scène représente un vieil homme, torse nu et hébété par l’insouciance et l’ivrognerie, errant dans sa maison tandis qu’une lampe à huile, posée sur un meuble, tombe et provoque un incendie. À travers le titre bref et lapidaire de la gravure, Goya souligne la censure du vice et ses conséquences inéluctables.

3. Goya représente quatre moines dans une cave. Trois d'entre eux nous sont montrés avec des visages grotesques, tandis que le quatrième,  enveloppé dans l’obscurité, nous tourne le dos. Une silhouette sombre et masquée derrière les trois gobelins allumés pousse un verre au plus près du visage d'un des moines, encourageant l'intempérance.

4. En réponse aux critiques de ses estampes, Goya a développé une satire plus générale des vices et de la corruption de l’Église. Le sens du titre fait référence à la gourmandise et à la luxure des moines. La nourriture étant liée à la sensualité, elle ajoute à leur gourmandise un caractère lubrique et des appétits charnels. Et même à cette époque, le terme chaud avait une signification sexuelle : "Chaud [fait allusion] aux animaux femelles qui sont en chaleur, et aussi à ceux qui brûlent de passion" (Dictionnaire castillan avec des termes scientifiques et artistiques, Madrid, 1786-93. Dans l’argot de l’époque, être chaud pouvait également impliquer d’avoir bu trop d’alcool.

 

5. Probablement du vin, considéré comme "un tonique, un cordial très puissant" : cf. autoportrait de Goya avec le Docteur Arrieta, Un remède >

HONORE DAUMIER - Buveurs pris sur le vif

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Daumier Honore Les Buveurs c 1860 lavis encre aquarelle et crayon Conte sur papier 20.5 x
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Deux buveurs, 1860/64, collection particulière /  Les Buveurs, c. 1860, 20,5 x 4,6 cm, collection particulière  /  Les Buveurs, 24,0 x 26,7 cm, Clark Art Institute, Williamstown, Massachusetts, EU

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La chanson à boire, 1860, Clark Art Institute, Williamstown, Massachusetts, EU /  Deux Buveurs, 1860/79, 32 x 24,5 cm, Metropolitan Museum of Art, New York  /  Les Bons amis, c. 1864, 23,6 x 30,4 cm, The Baltimore Museum of Art, EI

Caricatures

Les Angoisses du viticulteur : Nous venons d’échapper au gel... Nous n’avons plus rien à craindre que le soleil, la pluie, le mildiou et le reste!..., 1857, The National Museum of Wester Art (NMWA), Tokyo, Japon /  Tous ces raisins me font l'effet d'avoir la maladie... Faut bien faire bien attention Adélaïde, on dit que ça s'attrape, 1853  /  Impressions des vendanges : Quoi... vous y entrez pieds nus!...eh bien!... Vous ne devriez pas mettre de chaussures cirées là-dedans!.., 1856, 21.7 x 26.1 cm, NMWA, Tokyo, Japon

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Un Marchand de vin contrarié dans son commerce, : Dites donc père Madzinguin... votre bois de campêche n'empêche pas qu'on ne vide vos tonneaux dans le ruisseau... on a bien raison de dire que l'eau retourne toujours à la rivière !, 1844, MET, New York / Société Catholique du baptême organisee pour le salut des buveurs Parisiens, 1843, Musées des Beaux-arts, San Francisco /  De l'utilité de la crinoline pour frauder l'octroi, 1867, Musée Carnavalet, Paris

Un philosophe : L'homme ne doit jamais être seul... et il n'a pas de meilleur compagnon qu'un verre de vin...! Moi je préfère deusse !, 1864, The Metropolitan Museum of Art, New York /  Au restaurant à 32 sous  : Garçon, un poulet au cresson ? ... M'sieu, il ne nous reste plus de poulet... mais si vous voulez, js vous servir une plus forte, 1849, Los Angeles County Museum of Art (LACMA) /  Moeurs conjugales : Peu ordinaire, il est ivre !... En v'là un petit pochard il vous avale ça comme du lait.. pauvre chou! ... c'est tout le portrait de son père !En Italie : Le vin est l'ornement de l'homme, et quand il fait chaud, c'est étonnant comme je suis coquet, 1859, National Gallery of Art, Washington   

GEORGE CRUIKSHANK - Les effets ravageurs de l'alcool

La Bouteille (1847, 22 x 33 cm - British Museum, Londres) est une série de huit eaux-fortes du caricaturiste britannique inspirée par Rake's Progress de William Hogarth. Elles  représentent une famille ruinée par l’alcool. Au début de sa vie, George Cruikshank avait été un très gros buveur, et il ne pouvait ignorer les effets ravageurs de l’alcool sur sa propre famille: son père Isaac et son frère Robert étaient tous deux alcooliques. Son père est mort d’intoxication alcoolique après avoir remporté un "drinking contest" (concours de beuverie). Il finira par se détourner de l’alcool et prêche contre les méfaits de l’alcool. Cruikshank n'était pas un "teetotaler" (un abstinent total) quand il a créé La Bouteille, mais le devint peu de temps après. Avec un tirage initial de 100 000 exemplaire vendus en quelques jours seulement, cette série a été très probablement le plus grand succès de la carrière de Cruiksjank.

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Le Culte de Bacchus ou Boire, une pratique courante de la société, à chaque occasion de la vie, du berceau à la tombe » (1864, gravure 55,7 × 98,4 cm - Tate, Londres) est une vision satirique des méfaits de l'abus d'alcool. Cruikshank a exécuté cette gravure d'après son immense tableau Le Culte de Bacchus  (huile sur toile, 1860-62, 236 x 406 cm - Tate, Londres). Il avait estimé qu'il était « un instrument puissant au service de la cause de la tempérance [...] qui serait multiplié par cent lorsque la gravure... serait achevée ».

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AUGUSTE RENOIR

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Femmes au cep, Auguste Renoir, 1904, 26,7 x 37 cm, Suite de lithographies publiées par Amboise Vollard en 1919, dont une variante, MoMA, New York

PABLO PICASSO

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Picasso Bouteille et verre de vin sur un
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Le Repas frugal, 1904, 48 x 38 cm, AIC, Chicago  /  Bouteille et verre de vin sur une table, 1912, 61,9 x 47,3 cm, Metropolitan Museum of Art, New York  /  Scène bachique au Minotaure, Suite Vollard, 1933, 29,8 x 36,7 cm, MoMA, New York

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Bacchus au flacon et Marie-Thérèse à la coupe, 1934, 28,0 x 20,0 cm, Coll. particulière  /  Jeune Bacchus au tambourin et à la bacchante , Suite Vollard, 1934, 61,9 x 47,3 cm, Coll. particulière /  Bacchanale, 1955, 33 x 50,5 cm - MNAM, Paris

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Bacchanale : Le triomphe de Pan (d’après Poussin), 1954 , phototypie réalisée d’après le dessin original de Picasso daté en août 1944 , 33,0 x 43,2 cm, collection particulière en dépôt au Musée Granet, Aix-en-Provence, « © Succession Picasso 2022 »  /  Homme barbu couronné de feuilles de vigne, 1962, linogravure, 34,8 x 27,0 cm, collection particulière  /  Les Vendangeurs, 1959, linogravure, 53,4 x 64,3 cm, collection particulière

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Félix Vallotton, 1916, estampes - BnF, Paris : L'Orgie ("C'est la guerre". II) / Le Guetteur ("C'est la guerre". V) / Les Civils ("C'est la guerre". VI)

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Ossip Zadkine, Musée Zadkine, Paris : La Popote, 1918, eau-forte / Le Sous-officier, 1918, eau-forte / Conversation, 1918, eau-forte / Le Buveur, 1963, à la plume et encre noire avec correction à l'encre rouge

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Vinification, Josef Herman, 1951, lavis à l'encre - Collection particulière / Femme attablée, Josef Herman, croquis - Tate Britain, Londres / Paul Fréour, Au Bar, 1999, pointe sèche - Collection particulière

DESSINS DE PRESSE : LE PHYLLOXERA, "L'ATTILA DE LA VIGNE"

8. Le phylloxéra est un minuscule insecte piqueur inféodé à la vigne, apparenté aux pucerons. L'infestation d'un cep de vigne entraîne sa mort en trois ans. L'insecte est originaire de l'est des États-Unis et a provoqué une grave crise du vignoble européen. Si celle-ci a lieu principalement dans les années 1880, l’épidémie commence bien plutôt. Dans le Gard, en 1863 ; dans le Bordelais, en 1873 ; en Bourgogne, à Meursault, en 1878 ; en Région parisienne, en 1890 ; en Champagne en 1895. Après 1900, la physionomie du vignoble sera bouleversée. Il y avait en 1875 environ 2,5 millions d’hectares plantés en vigne en France. En 1903 il n’en reste plus que 1,7 million. Aussi le phylloxera est-il parfois surnommé l’Attila de la vigne.*

 

Il a fallu plus de trente ans pour lutter contre ce fléau, en utilisant des porte-greffes issus de plants américains naturellement résistants au phylloxéra et des greffons français qui conserveront les qualités organoleptiques des cépages autochtones. La viticulture s’en trouvera bouleversée : on abandonne le provignage qui permettait, sans peine, de prendre un sarment pour le replanter directement en terre (un sarment de la partie supérieure donnait une vigne française, un sarment de la partie inférieure, une vigne américaine). On passe de la culture en foule complantée d’arbres fruitiers à la monoculture en rangs, tandis que des vignobles entiers disparaissent, comme ceux d’Île de France. Après la destruction massive du vignoble, il y eut une pénurie de vins, ce qui encouragea la fraude et la fabrication de vins frelatés. Par exemple, on faisait deux vins avec la même récolte : sur le marc, dans une box, on rajoutait de l'eau et du sucre et l'on faisait fermenter. C'est ce que l'on appelait la piquette.

Aujourd’hui, la France n'a plus que 750 000 hectares de vignes plantées.

"LE PETIT JOURNAL" et "LE PETIT MARSEILLAIS"

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Vendanges en France, 31 octobre 1891 / La fête des vendanges en Alsace, 1er octobre 1911 /L 'artillerie contre la grêle, 7 juillet 1901 / Un pari stupide du garçon marchand de vins Gargouille, Le Petit Marseillais, 2 octobre 1898

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La crise viticole, Haro sur le buveur d'eau claire, 9 juin 1907 / Un bicentenaire, Dom Pérignon découvrit l'art de faire mousser le vin de Champagne, 14 juin 1914 / La trêve de Noël était l'occasion d'une série de cessez-le-feu officieux généralisés le long du front occidental de la Première Guerre mondiale. Les soldats français, allemands et britanniques fraternisaient, buvaient du vin et de l’eau-de-vie, fumaient et jouaient au football. "Soldats britanniques et allemands bras dessus bras dessous échangeant des couvre-chefs."  The Illustrated London News, 9 janvier 1915

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Les rois dans la tranchée, 10 janvier 1915 / Le vin de la revanche, 14 septembre 1919 /  "Ce qu'on appelle le régime sec : Décidément, il faut croire que la loi de prohibition est étrangement observée aux Etats-Unis. Un habitant de Nowark, dans le New Jersey, possédait un foudre rempli de vin et, sans doute, venait-il y puiser souvent. En tout cas, il glissa, un beau jour, dans la cuve profonde de quatre mètres, et s'y noya.", Le Petit Journal, 2 décembre 1923

L'affiche est un support de publicité ou de propagande destiné à être vu dans la rue et plus généralement dans les espaces publics. A la fin du XIXe siècle, l’affiche connaît son « âge d’or » avec notamment Toulouse-Lautrec et met en avant la joie de vivre provoquée par le vin. La Première Guerre mondiale, loin de mettre un frein à la production, voit l'éclosion de l'affiche de propagande.

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