Le vin, un acteur majeur de la mythologie antique : le nectar des dieux
NYMPHES OFFRANT DU VIN, DES FRUITS ET DES FLEURS AU JEUNE BACCHUS (détail)
Caesar Boetius van Everdingen (1617-1678)
c. 1660
Gemäldegalerie, Dresde, Allemagne
La mythologie gréco-latine a longtemps été le socle du fonds commun culturel de l'humanité. Les peintres y ont puisé leur inspiration, multipliant les chefs-d'œuvre qui sont tout autant d'illustrations de nos grands mythes fondateurs. Le vin et la religion, depuis la plus haute antiquité, ont des rapports fort étroits. Le vin a été et reste un élément important des pratiques rituelles et sacrificielles. En Grèce antique, il fut à la fois l'objet d'un culte et un symbole de la culture. Les Mystères célébrés en l'honneur de Dionysos -dieu du vin, de la vigne et de ses excès - donnèrent naissance au théâtre. Rome eut des rapports plus conflictuels avec Bacchus et les bacchanales. À Rome, lorsqu'on n'assimile pas Dionysos à Liber, célébré par un culte officiel, on le désigne fréquemment par un autre de ses noms, Bacchus, et l'on nomme bacchanalia les sanctuaires privés où des sociétés de dévots pratiquent son culte. Les bacchanales restent associées au souvenir d'un scandale et d'une répression dont Tite-Live fera un récit détaillé. Mais le culte des bacchants refleurira sous l’Empire.
Les dieux ou déesses Soma (védique), Spendaramet (arménien), Sabazios (thrace et phrygien), Moloch (syrien), Ammon (libyen), Oratal (arabe), ainsi que Shiva aux Indes, Osiris en Égypte, Gilgamesh à Babylone, Dionysos en Grèce, Fufluns, chez les Étrusques Liber Pater en Italie, Sucellus (latinisé en Silvanus) en Gaule — que les Romains remplacèrent par Bacchus — sont les témoins de cette résurrection et la quête de l'éternité que seule pouvait satisfaire l'ivresse divine. Le culte du dieu du vin a ainsi survécu jusqu'au VIIe siècle.
ARIANE, VENUS ET BACCHUS
Le Tintoret (Jacopo Robusti, 1518-1594)
1576
Palazzo Ducale, Sala dell'Anticollegio, Venise
Venu dans l'île de Naxos, Bacchus consola et épousa Ariane abandonnée par Thésée, et lui donna la fameuse couronne d'or, chef-d'œuvre de Vulcain : "Et je suis celle à qui tu promettais le ciel ! Malheureuse ! En fait de ciel, quelle récompense est la mienne !" Elle se tut ; depuis longtemps Liber entendait ses plaintes, car il l'avait suivie. Il la prend dans ses bras, sèche ses larmes sous ses baisers et lui dit : "Montons ensemble au plus haut des cieux ; partageant ma couche, tu partageras aussi mon nom : dans ta nouvelle condition tu t'appelleras Libera et je vais faire en sorte qu'avec toi demeure le souvenir de ta couronne, de cette couronne que Vulcain donna à Vénus, et que Vénus te donna". Il fait comme il avait dit et métamorphose en feux les neuf gemmes de la couronne : elle brille maintenant, cercle d'or, de ses neuf étoiles. (Ovide, Fastes, III, 505 - 516)
LE CORTÈGE TRIOMPHAL DE BACCHUS
Maerten van Heemskerck (1462-1522)
1537-1538
Kunsthistorisches Museum, Vienne
Poursuivi par sa femme, Zeus emmena Dionysos loin de Grèce, en pays de Nisa. Il le confia aux nymphes qui l’élevèrent. Adulte, Dionysos découvrit la vigne, mais poursuivi par Héra, il fut frappé de folie. Il erra en Égypte et en Syrie, remonta les côtes de l’Asie jusqu’en Phrygie où la déesse Cybèle l’accueillit. Elle le purifia, l’initia à ses mystères et le délivra de cette folie. Arrivé en Thrace, le roi régnant Lycurgue se montra hostile à sa venue et tenta de le faire prisonnier. Dionysos réussit à s’échapper chez Thétis, la Néréide, qui lui offrit l’asile dans la mer. Lycurgue captura les Bacchantes qui l’escortaient. Elles furent miraculeusement sauvées et Lycurgue fut frappé de folie. Il se coupa la jambe et tailla son fils à coups de hache, croyant abattre de la vigne, plante sacrée de Dionysos, son ennemi. Lorsqu’il revint à lui, il se rendit compte de son geste et sa terre était frappée de stérilité. L’Oracle révéla que seule la mort de Lycurgue...
LA BACCHANALE DES ANDRIENS
Titien (1488-1576)
1523-1526
Museo del Prado, Madrid
Les habitants de l'île d'Andros (les "Andriens") y célèbrent le don que leur fait Dionysos, un fleuve de vin. Il s'agit là d'un de ces "miracles" attribués au dieu par les croyances populaires lorsque avec le temps celui-ci se trouva vénéré comme dieu de la vigne. Déjà dans les Bacchantes, Euripide contait ces merveilles : "L'une (des bacchantes) de son thyrse ayant frappé la roche, un flot frais d'eau limpide à l'instant en jaillit ; l'autre de son narthex ayant fouillé la terre, le dieu en fit sortir une source de vin. Celles qui ressentaient la soif du blanc breuvage, grattant du bout des doigts le sol, en recueillaient du lait en abondance. Du thyrse orné de lierre s'égouttait un doux miel... Ah ! que n'as-tu, présent, contemplé tout cela !"
Les habitants de Téos en Ionie, de leur côté, se vantaient de cette source de vin qui jaillissait chez eux à date fixe, attestant que le dieu était bien né en ce lieu (Diodore de Sicile et Pline l'Ancien)...
Pour en savoir plus : Galerie "Bacchanales et scènes bachiques" >>
DE VIN DIVIN EN VIN SACRÉ, LES GALERIES
LES COLLECTIONS DE PEINTURE DU MUSEE VIRTUEL DU VIN