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Le vin est source de rédemption pour les chrétiens

"Le Pressoir mystique", Ambrogio Borgognone (attr. à), 1528 - Sainte Marie l'Immaculée, Milan | Rédemption | Sang du Christ, iconographie chrétienne | De vin divin en vin Sacré | Vin et Peinture | Le Musée Virtuel du Vin

LE PRESSOIR MYSTIQUE

Ambrogio Borgognone (attr. à)
1528
Sainte Marie l'Immaculée, Milan

 

 

 

 

Au Moyen Âge et jusqu’au XVIe siècle, la fermentation du vin était considérée comme un processus de transformation au cours duquel le pur se séparait de l’impur et le subtil de l’épais ; le jus de la grappe devenant la source de tous les sacrements de l'Église et de la Rédemption  Cette conception était en relation avec la symbolique chrétienne de l’Eucharistie, sacrifice du corps et du sang du Christ représentés par le pain et le vin, qui deviennent source de vie éternelle et de rédemption pour le croyant qui reçoit la communion. Ceux qui n’auront pas produit de fruits devront subir Son jugement (Matthieu XXI, 41).

L'image du Pressoir mystique fait voir le Christ pressé tel une grappe. Elle apparaît à une époque où la notion de sacrifice prend une place majeure dans la dévotion chrétienne. Elle s’inspire d’un verset du prophète Isaïe (LXIII, 2-6) "Pourquoi tes habits sont-ils rouges, Et tes vêtements comme les vêtements de celui qui foule dans la cuve? J'ai été seul à fouler au pressoir, Et nul homme d'entre les peuples n'était avec moi; Je les ai foulés dans ma colère, Je les ai écrasés dans ma fureur ; Leur sang a jailli sur mes vêtements, Et j'ai souillé tous mes habits. Car un jour de vengeance était dans mon cœur, Et l'année de mes rachetés est venue. Je regardais, et personne pour m'aider ; J'étais étonné, et personne pour me soutenir ; Alors mon bras m'a été en aide, Et ma fureur m'a servi d'appui. J'ai foulé des peuples dans ma colère, Je les ai rendus ivres dans ma fureur, Et j'ai répandu leur sang sur la terre" ; et de l’épisode biblique de la Grappe de Canaan (voir ci-contre) où des émissaires de Moïse ont été envoyés en exploration. Ils reviennent de la Terre promise avec une grappe de raisin si lourde qu’ils doivent se mettre à deux pour la porter à l’aide d’une perche.

L'AUTOMNE, Nicolas Poussin, 1660-1664 - Musée du Louvre, Paris

Suggestion : Johann Sebastian Bach, Choral BWV 659 Nun komm, der Heiden Heiland / Viens maintenant, Sauveur des païens (1747-1750), transcr. piano F. Busoni

LE PRESSOIR MYSTIQUE

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Le corps du Christ est représenté tantôt allongé sous la roue d’un pressoir, tantôt debout foulant les raisins, son sang se mêlant au jus. Apparue au XIIe siècle, cette image connut une faveur exceptionnelle à la fin du Moyen Âge, dans l'ensemble du continent européen, et plus tard au-delà : miniatures, fresques, tableaux, gravures, vitraux, sculptures, céramiques, on la découvre présente dans toutes les formes d'art, même en littérature. D'abord image de dévotion, expression privilégiée de la vénération pour le Christ souffrant et le Saint Sang, sa carrière évolue aux XVIe et XVIIe siècles : aux temps des guerres de religion, l'usage catholique en fait une arme théologique contre les protestants et la charge d'afficher la doctrine de la transsubstantiation. Quelque peu délaissée au XVIIIe siècle, elle survivra cependant à travers l'imagerie d'Épinal, pour renaître au XXe siècle, en d'imprévisibles résurgences, notamment dans les pays ravagés par les guerres.

 

7 et 9. Le thème du Bain mystique, associé à la purification par le sang du Christ, relève d’une dévotion répandue dans le nord de la France dès la fin du XVe siècle. Il évoque à la fois le pressoir mystique (torcular christi), métaphore de la Crucifixion, le corps du Christ étant assimilé à une grappe de raisin dont on extrait le vin de l’Eucharistie qui guérit les âmes délivrées du péché, et la fontaine de Jouvence, qui régénère et confère la vie éternelle.

LE RAISIN ET LE VIN SYMBOLES DE LA RÉDEMPTION DANS LES NATIVITÉS

La grappe de raisin ou le vin lui-même sont souvent présents dans les Vierges à l’enfant de la Renaissance. Symboles préfigurant l’Eucharistie, ils rappellent la nature terrestre du Christ et sa mort sur la croix pour la rédemption de ceux ayant péché. Pour illustrer ce thème, le Musée Virtuel du vin présente des œuvres de quatre artistes de cette époque : Lucas Cranach l’Ancien et son fils Lucas Cranach le Jeune, peintres allemands, ainsi que le Maître des demi-figures féminines et Joos Van Cleve, peintres flamands de l’École d’Anvers.

Suggestion : Johann Sebastian Bach, Oratorio de Noël BWV 248, Cantate 1 : Pour le premier jour de la fête de Noël,  3. Arioso (1734-1735)

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3. La grappe de raisins soulevée ou caressée par les deux personnages n’est pas un accessoire quelconque, puisqu’elle fait aussi bien référence à Marie qu’au Christ enfant. Selon les représentations du Christianisme ancien, la Vierge est assimilée à la vigne, qui permet à l’enfant Jésus de mûrir en tant que raisin divin. Les références au Christ sont multiples : le raisin renvoie au Sacrement de l’Eucharistie, mais aussi au pressoir, qui symbolise la mort du Christ en martyr. Le regard légèrement nostalgique de Marie, qui veille sur l’enfant Jésus, peut être interprété comme une preuve de la détermination du Christ (source : Musée du Luxembourg, Paris).

 

 

6. Les cerises complètent naturellement la grappe de raisin : elles symbolisent la Résurrection et la promesse du paradis pour les chrétiens vertueux.

7. L'orange présente dans cette oeuvre peut paraître insolite. Elle fait référence à la chasteté et la pureté mais aussi parfois au péché originel et à la rédemption lorsqu'elle est tenue par l'enfant Jésus à la place d'une pomme, en particulier dans les peintures flamandes. Le verre de vin rouge dans cette oeuvre et les deux suivantes (8 et 9) est un symbole eucharistique.

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