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Le Repas chez Simon le Pharisien, la parabole des deux débiteurs
Pierre Paul Rubens (1588-1640), Antoine van Dyck (1599-1641) FÊTE CHEZ SIMON LE PHARISIEN
Entre 1618 et 1620
Ermitage, Saint Pétersbourg, Russie
Au cours d’une fête chez Simon le Pharisien, à laquelle le Christ et ses disciples sont conviés, une femme repentante entre dans la maison. Elle lave les pieds du Christ avec ses larmes, les essuie avec ses cheveux et les oint de parfum. Simon est scandalisé et critique le Christ d’avoir permis à une telle pécheresse de le toucher et d’avoir permis le gaspillage de précieuses pommades. Jésus lui répond en lui proposant l'exemple de deux débiteurs qui avaient chacun une dette, l'un considérable, l'autre moindre. Le créancier leur remet à tous deux leur dette. Lequel l'aimera le plus ? Simon répond que c'est celui à qui il a remis davantage. Jésus le félicite de cette réponse.
Il lui fait remarquer tous les témoignages de respect et d'amour que cette femme n'a cessé de lui prodiguer ; puis en conclue que les nombreux péchés de cette femme lui sont pardonnés. Et ajoute que celui qui est l'objet d'un moindre pardon ressent un moindre amour. Il s’adresse ensuite à la pécheresse et lui déclare qu’elle est pardonnée. Devant les assistants scandalisés, il dit à la pécheresse que sa foi l'a sauvée et qu’il la renvoie en paix.
"Rubens conçoit la peinture comme un conflit dramatique entre les Pharisiens et le Christ. Le monde des Pharisiens de valeurs matérielles et de dogmatisme religieux s’oppose au monde chrétien d’idées sublimes et d’actes nobles, un monde de sympathie, de charité et de bonté. Certains de la justice et de la moralité de sa position, le Christ et ses disciples se dressent contre les Pharisiens, sur les visages desquels nous pouvons lire le manque de compréhension, l’agacement et même la colère. Le conflit entre deux approches totalement opposées de la vie est souligné par la structure de la peinture et la disposition de la couleur, sur la base de laquelle se trouve le principe du contraste dynamique : le côté gauche de la composition, occupé par Simon le Pharisien, est plein de mouvement tourbillonnant et est marqué par le rythme inégal de petite formes brisées ; le côté droit, dominé par la figure du Christ, est composé de lignes calmes et de larges zones de couleur" (source : Musée de l'Ermitage).
FÊTE CHEZ SIMON LE PHARISIEN (détail) Giovanni da Milano Fresque, 1365 - Chapelle Rinuccini, Bassilique Santa Croce, Florence
LE CHRIST CHEZ SIMON Dirk Bouts (original à la Gemäldegalerie de Berlin), 1460/70 ? - Ancien Hôpital St Jean, Bruges, Belgique
LE CHRIST CHEZ SIMON LE PHARISIEN Maître de la Légende de Ste Madeleine, c. 1510/20 - Szepmuveszeti Muzeum, Budapest, Hongrie
FÊTE CHEZ SIMON Paolo Véronèse, c. 1560 - Galleria Sabauda, Turin
LE REPAS CHEZ SIMON LE PHARISIEN Paolo Véronèse, entre 1570 et 1573 - Château de Versailles
SOUPER CHEZ SIMON Scarsella Ippolito detto Scarsellino, c. 1590 - Galleria Borghese, Rome
LE CHRIST DANS LA MAISON DE SIMON LE PHARISIEN Artus Wolfaerts, c. 1615/30 ? - Collection particulière
LE REPAS CHEZ SIMON Frans Francken II le Jeune, 1637 - Musée des Beaux-arts, Rennes
LE REPAS CHEZ SIMON Philippe de Champaigne, c. 1656 - Musée d'Arts, Nantes
BANQUET CHEZ SIMON Bernardo Strozzi, c. 1630 - Gallerie dell'Accademia, Venise
LE REPAS CHEZ SIMON Jean-Baptiste Jouvenet, c. 1706 - Musée des Beaux-arts, Lyon
LE REPAS CHEZ SIMON Pierre Subleyras, 1737 - Musée du Louvre, Paris
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Texte biblique : Nouveau Testament, Évangiles, Luc VII, 36-50
"Un pharisien pria Jésus de manger avec lui. Jésus entra dans la maison du pharisien, et se mit à table. Et voici, une femme pécheresse qui se trouvait dans la ville, ayant su qu'il était à table dans la maison du pharisien, apporta un vase d'albâtre plein de parfum, et se tint derrière, aux pieds de Jésus. Elle pleurait ; et bientôt elle lui mouilla les pieds de ses larmes, puis les essuya avec ses cheveux, les baisa, et les oignit de parfum. Le pharisien qui l'avait invité, voyant cela, dit en lui-même : Si cet homme était prophète, il connaîtrait qui et de quelle espèce est la femme qui le touche, il connaîtrait que c'est une pécheresse. Jésus prit la parole, et lui dit : Simon, j'ai quelque chose à te dire. -Maître, parle, répondit-il. - Un créancier avait deux débiteurs : l'un devait cinq cents deniers, et l'autre cinquante. Comme ils n'avaient pas de quoi payer, il leur remit à tous deux leur dette. Lequel l'aimera le plus ? Simon répondit : Celui, je pense, auquel il a le plus remis. Jésus lui dit: Tu as bien jugé. Puis, se tournant vers la femme, il dit à Simon: Vois-tu cette femme ? Je suis entré dans ta maison, et tu ne m'as point donné d'eau pour laver mes pieds ; mais elle, elle les a mouillés de ses larmes, et les a essuyés avec ses cheveux. Tu ne m'as point donné de baiser ; mais elle, depuis que je suis entré, elle n'a point cessé de me baiser les pieds. Tu n'as point versé d'huile sur ma tête ; mais elle, elle a versé du parfum sur mes pieds. C'est pourquoi, je te le dis, ses nombreux péchés ont été pardonnés : car elle a beaucoup aimé. Mais celui à qui on pardonne peu aime peu. Et il dit à la femme : Tes péchés sont pardonnés. Ceux qui étaient à table avec lui se mirent à dire en eux-mêmes : Qui est celui-ci, qui pardonne même les péchés? Mais Jésus dit à la femme : Ta foi t'a sauvée, va en paix."
DE QUOI S'AGIT-IL ?
La scène de cette Madeleine chez le Pharisien (Jean Béraud, 1891 - Musée d'Orsay, Paris)* se déroule dans un intérieur bourgeois : Renan (au centre de la table, une serviette autour du cou) préside un dîner mondain où figurent nombre de personnalités parisiennes, dont le chimiste Eugène Chevreul (mort l’année précédente à 103 ans) avec lunettes et favoris grisonnants, et Alexandre Dumas fils, appuyé au dossier d’une chaise. A ce dîner assiste le Christ, dont les traits ont été immédiatement identifiés à ceux du journaliste et militant socialiste Albert Duc-Quercy (1856-1934), aux pieds duquel se prosterne, à l’heure du café, une Madeleine repentante qui n’est autre que la demi-mondaine Liane de Pougy, laquelle, réellement repentante, finira ses jours au couvent.
Il n’est pas facile de faire une lecture simple de cette toile, qui fit scandale et fut achetée par le correspondant du Daily Telegraph à Paris, sir Campbell Clark. Tout y est ambigu. S’y mêlent en effet idéal religieux et satire sociale ou morale. On peut certes y voir un Christ proche des humbles, mais sous les traits d’un infatigable propagandiste et meneur de grèves !
Renan, le vieil adversaire de l’Eglise, y tient la place principale, mais il est devenu la référence officielle de gouvernements soucieux d’ordre et de stabilité… et le voilà incarnant Simon le pharisien, lui qui s’était ouvert de sa « peur de sembler un Pharisien » ! « Christophage pour Salon et clubs, se réservant d’accommoder le fils de Dieu au goût du jour », dira Octave Mirbeau à propos de Jean Béraud. S’agit-il d’une simple facétie ou bien d’une affirmation selon laquelle dans la nouvelle société issue du positivisme, l’enseignement du Christ, sa foi en l’humanité, gardent toute leur force ? (Chantal GEORGEL, « La pensée moderne face au catholicisme », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 18 mai 2022. URL : http://histoire-image.org/fr/etudes/pensee-moderne-face-catholicisme)
* La tradition a souvent identifié la pécheresse anonyme du repas chez Simon le Pharisien à Marie-Madeleine. Considérée comme un modèle de la pénitence, Marie Madeleine fut l'une des figures favorites de la Contre-réforme : à une époque où l'Église catholique, alors très critiquée, visait à reconquérir les régions acquises progressivement à la cause protestante, elle illustrait la force du sentiment religieux.
LE SANG DU CHRIST DANS LE NOUVEAU TESTAMENT ET L'ICONOGRAPHIE CHRETIENNE, LES GALERIES
Repas chez Simon le Pharisien
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